Les commerçants qui exercent leurs activités tout près de l’ex-marché central de Bujumbura affirment que c’est une grande perte pour le peuple burundais et le pays en général de passer douze ans sans un marché central. Quant à l’Olucome, le ravage de ce marché n’a laissé aucune leçon au gouvernement burundais.
C’était en date du 27 janvier 2013 que l’ex-marché central de Bujumbura a pris feu. Aujourd’hui, ça fait 12 ans sans aucune activité de réhabilitation de ce marché. Certains commerçants témoignent qu’après l’incendie de ce marché, la survie est devenue quasi impossible, le pays est tombé dans le chaos.
Ils demandent aux entreprises compétentes de joindre la parole à l’acte pour la mise en application du projet de reconstruction de ce marché afin qu’eux puissent subvenir aux besoins de leurs familles.
« C’était un marché qui servait presque tous les Burundais beaucoup de personnes s’y rendaient et des conséquences ont suivi cet incendie. Des familles ont eu mal à trouver comment se faire vivre », d’après une commerçante interrogée.
Un autre commerçant explique : « Nous n’arrivons pas à comprendre pourquoi on a passé ces 12 ans sans avoir un marché central qui était considéré comme le dernier du pays. C’est vraiment déplorable. Beaucoup de personnes ont beaucoup perdu dans ce marché. »
D’autres affirment qu’après ce désastre, il y a eu une hausse exagérée des prix des produits de première nécessité sur les différents marchés et ajoutent qu’il n’y a pas eu de volonté de la part du gouvernement pour la reconstruction de ce marché, mais que l’État a aussi perdu des taxes et des impôts qui provenaient de ce marché.
« Il ne fallait pas attendre ces 12 ans pour la reconstruction. Il y a beaucoup d’investisseurs au pays et nous attendons impatiemment la reconstruction de ce marché et de joindre l’acte à la parole pour l’intérêt du pays. Mais, vu la lenteur du projet, nous doutons du délai d’exécution. »
Olucome : « Le pays a perdu 20% de l’économie nationale »
Selon Gabriel Rufyiri, le président de l’Observatoire de la lutte contre la corruption et les malversations économiques OLUCOME, le ravagement de l’ex-marché central de Bujumbura n’a laissé aucune leçon au gouvernement burundais.
« Ce qui nous a fort touchés, c’est le comportement que le gouvernement de cette époque a affiché à travers ses institutions en charge de la protection des biens et citoyens. Il y a eu d’autres marchés du pays qui ont subi le même problème d’incendie. Malheureusement, on n’a pas vu d’enquêtes qui ont été menées en vue de prévenir. »
Selon M. Rufyiri, il y avait à peu près 5 000 commerçants qui œuvraient dans le marché de Bujumbura et précise que perdre le marché central de Bujumbura, c’était pratiquement perdre 20% de l’économie nationale.
« A titre de rappel, ce marché avait de l’importance au niveau de la capitale de Bujumbura, à l’intérieur du pays et dans les pays limitrophes. Tous les commerçants de la région s’approvisionnaient au Burundi à travers le marché central de Bujumbura. La valeur des marchandises qui se trouvaient dans le marché central de Bujumbura était de 20% du PIB du Burundi. »
Il demande à ce que la réhabilitation de l’ex-marché central de Bujumbura soit faite en mettant toujours en avant les principes de transparence et de gouvernance.
L’entreprise Ubaka Nation Group s’explique
Fablice Manirakiza, représentant légal de l’entreprise qui a reçu le marché de reconstruire ce bâtiment « Ubaka Nation Group », dit que d’ici cinq ans le projet de réhabilitation sera achevé.
Il complète que les premières activités de démolition ont pris fin, de même que les études du sol et le terrassement du premier bâtiment. Il n’attend que de nouveaux accords avec le gouvernement.
« Le premier contrat entre nous et le ministère de l’Infrastructure était de cinq ans. Mais nous avons signé le contrat d’essai de six mois, car il doutait de la faisabilité. Mais avant que le mois ne s’achève, ils ont constaté que nous sommes capables. »
Il fait savoir : « Nous allons signer un autre contrat ce mois-ci, et après cette signature, nos camions vont reprendre les activités. Nous prévoyons finaliser nos activités dans cinq ans, mais la première phase peut prendre deux ans, et le début de la deuxième phase ne va pas dépendre de la fin de la première. Ce sont les cinq hangars et l’étage de 30 niveaux. »
Ubaka Nation précise que le début du fonctionnement de ce marché sera annoncé lors du début officiel de la construction proprement dite.