La société SOPEBU déplore un dysfonctionnement grave dans le secteur du transport en commun à Bujumbura, freinant la mobilité des citadins. Elle pointe du doigt la spéculation orchestrée par certains conducteurs de bus, des policiers et des agents de sécurité sur les parkings centre-ville. L’ATRABU, de son côté, confirme que des pots-de-vin versés à certains policiers sur les parkings aggravent la situation, au détriment des usagers.

La SOPEBU dénonce l’occupation illégale des parkings et le retrait prématuré des véhicules de transport en commun, notamment ceux desservant les quartiers de Bujumbura en soirée, comme étant les principaux obstacles à la mobilité des citadins.
Anne-Marie Kaneza, responsable des opérations au sein de la Société pétrolière du Burundi (SOPEBU), informe : « Dès 19 heures, les conducteurs de bus se rendent dans les stations-service pour s’approvisionner en carburant, puis vont garer leurs véhicules dans les garages. Pourtant, de longues files de citadins attendent encore des bus au centre-ville. Or, ces bus sont censés fonctionner jusqu’à 22 heures. »
Mme Kaneza reproche également aux conducteurs de véhicules de transport en commun de se concentrer uniquement sur les parkings du centre-ville de Bujumbura le matin, alors que de longues files de passagers en attente sont observées dans plusieurs quartiers périphériques.
« Lorsqu’on leur demande la raison, ils répondent que ce sont les agents de sécurité présents sur les parkings du centre-ville qui les obligent à y rester », dit-elle.
L’ATRABU pointe du doigt la police
Édouard Nyandwi, directeur général de l’Association des transporteurs du Burundi (ATRABU), confirme les propos de la directrice de la SOPEBU. Il précise que certains véhicules cessent leur service trop tôt dans la soirée, pénalisant ainsi de nombreux usagers qui peinent à rentrer chez eux.
« Nous avons une annonce de la part de l’ancien ministre des Transports qui précise bien que les véhicules de transport en commun cessent leurs activités à 22 heures. »
Toutefois, il souligne que les difficultés de transport à Bujumbura ne sont pas uniquement liées au comportement des chauffeurs. Il pointe également du doigt certains policiers déployés dans les parkings du centre-ville, les accusant de pratiques de corruption.
Selon lui, ces agents exigeraient des pots-de-vin, notamment des billets de 1 000 FBu, pour favoriser certains usagers. Ceux qui ne peuvent pas payer sont contraints de patienter longtemps dans les files d’attente.
« Un jour, j’ai demandé aux policiers stationnés près des files d’attente au centre-ville de Bujumbura ce qu’ils faisaient sur place. J’ai malheureusement constaté que certains semblaient être là uniquement pour recevoir des pots-de-vin, en échange de faveurs accordées à certaines personnes dans les files. »
À part les deux groupes déjà pointés du doigt, les agents de sécurité affectés aux parkings sont également mis en cause. L’ATRABU, les accuse de ne pas remplir correctement leur mission, se livrant à des abus et affichant parfois des comportements inappropriés, même envers leurs propres supérieurs hiérarchiques.
« Nous connaissons bien ces agents. Cependant, nous contestons certains de leurs agissements. Ils portent encore des gilets fournis autrefois par la mairie de Bujumbura, aujourd’hui inexistante, et certains en profitent pour poser des actes inappropriés », ajoute-t-il.
Sachez que, d’après la SOPEBU, les quotas alloués aux véhicules de transport public à Bujumbura ont été augmentés. Depuis le 17 décembre, les véhicules de type Hiace, qui recevaient 100 litres par semaine, bénéficient désormais de 200 litres hebdomadaires. Quant aux véhicules de type Coaster, ils reçoivent 100 litres avec possibilité de réapprovisionnement tous les deux jours. Par ailleurs, seuls les Hiace sont autorisés à assurer le transport de passagers vers les parkings situés aux abords des marchés de Bujumbura ; les Coaster y sont interdits.