L’organisation ALUCHOTO déplore le taux élevé des détenus incarcérés injustement dans les prisons centrales du pays. Elle souligne qu’il serait difficile que le Burundi se développe étant donné que les moyens consacrés à son développement sont utilisés pour la prise en charge de ces détenus, alors qu’ils ne contribuent à rien au pays. Elle plaide pour la libération immédiate de ces prisonniers.

D’après Vianney Ndayisaba, coordinateur de l’Association de lutte contre le chômage et la torture (ALUCHOTO), 60 % des prisonniers sont incarcérés sans raison valable.
« Aujourd’hui, dans les onze prisons centrales du pays, 20 % des détenus ont été acquittés, 34 % ont purgé leur peine et 6 % bénéficient d’une liberté provisoire, mais restent néanmoins incarcérés. Cela signifie que 60 % des personnes emprisonnées le sont de manière illégale. Le Burundi ne peut espérer un développement durable tant que des individus détenus illégalement continuent de vivre aux frais de l’État sans aucune contribution productive. »
Il fait savoir qu’il est déplorable que des hommes forts, capables de participer au développement du pays, croupissent encore en prison.
« Nous demandons leur libération immédiate. L’article 34 de la Constitution stipule qu’aucune personne ne peut être détenue si elle a été acquittée ou libérée par décision de justice. Ces décisions doivent être respectées. Personne n’est au-dessus de la loi, et l’autorité judiciaire doit être obéie sans condition », dit-il.
L’ALUCHOTO : « la grâce présidentielle, une décision non respectée. »

Ndayisaba regrette également que plus de 300 détenus ayant bénéficié de la grâce présidentielle soient encore en prison.
« Au sein de l’Aluchoto, nous recensons 302 prisonniers qui ont bénéficié de la grâce présidentielle, mais qui croupissent dans des maisons de détention. Ici, on considère la grâce présidentielle de 2024, nous saluons cette initiative pour le désengorgement des prisons. Mais, quand ceux qui ont purgé leurs peines restent en prison et que ceux qui ont terminé le quart de leurs peines sont libérés, c’est vraiment du désordre. »
Il demande la mise en place d’une commission rigoureuse chargée de veiller strictement à l’application équitable de la grâce présidentielle.
« Nous demandons la mise en place d’une commission ad hoc des agents de la présidence, des agents du ministère de la Justice proches du ministre et des agents de la société civile pour que la grâce présidentielle soit effective. Toutefois, cette commission ne devrait pas inclure les magistrats et les procureurs, car la plupart d’entre eux profitent de cette grâce présidentielle pour libérer, par favoritisme ou corruption, des personnes qui n’en sont pas dignes », ajoute-t-il.
La CNIDH plaide pour le désengorgement des prisons

Martin Blaise Nyaboho, président de la Commission nationale indépendante des droits de l’homme (CNIDH), lors d’une conférence de presse tenue ce lundi 15 décembre, a encouragé le gouvernement burundais à poursuivre sévèrement ses efforts de désengorgement carcéral. Elle souligne que la surpopulation des prisons engendre un coût élevé pour l’État et constitue un obstacle au respect des droits humains.
« La CNIDH apprécie la générosité du chef de l’État, qui a pris une noble habitude de décréter la grâce présidentielle pour libérer des prisonniers qui remplissent les conditions déterminées par la loi dans le but ultime de désengorger les prisons. La CNIDH encourage donc le chef de l’tat, le Parquet général et le ministère de la Justice à continuer à réduire la population carcérale en faveur du développement socio-économique du pays. »
Il ajoute : « La CNIDH estime que le gouvernement du Burundi devrait mettre en place des textes encadrant la généralisation des travaux d’intérêt général comme mesure alternative à la peine privative de liberté pour les infractions mineures. »
Le président de la CNIDH exhorte le gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires pour poursuivre la réduction de la population carcérale, en accordant une attention particulière aux personnes acquittées, à celles ayant déjà purgé leur peine, ainsi qu’aux détenus souffrant de troubles mentaux.