Le 2 octobre 2025, lors de la présentation d’un module sur la santé reproductive destiné aux adolescents sourds-muets, l’ABUBEF a exprimé ses inquiétudes face aux risques accrus auxquels ces jeunes sont exposés. Certains contractent des IST ou tombent enceintes involontairement, faute d’informations adaptées à leur handicap. L’ABUBEF recommande aux parents d’enfants sourds-muets d’apprendre le langage des signes afin de les sensibiliser sur ces questions essentielles.

Jean Bosco Habarugira, coordinateur du projet « Right Here Right Now » au sein de l’Association burundaise pour le bien-être familial (ABUBEF), l’éducation sur la santé reproductive commence dès le bas âge.
« Un enfant de deux ou trois ans, fille ou garçon, doit être progressivement habitué à se laver tout seul. Il faut l’observer, lui parler, et lui expliquer qu’il est interdit qu’une autre personne vienne lui toucher les parties intimes. Vers 9 ou 10 ans, il faut lui expliquer qu’elle verra apparaître les règles. »
Il complète : « Dans certains cas liés à des grossesses précoces, on a remarqué qu’une fille peut tomber enceinte sans avoir encore eu ses règles. Elle se plaint alors de douleurs au ventre, sans savoir ce qui lui arrive. S’il n’y a pas eu de fécondation, les règles apparaissent normalement 14 jours plus tard. »
Saidi Niyoyandemye, interprète en langue des signes, souligne que les adolescents sourds-muets font face à d’importantes difficultés d’intégration sociale, notamment parce que même leurs parents ne maîtrisent pas la langue des signes, ce qui engendre de graves conséquences.
« Ces enfants sont différents des autres. Le problème, c’est que dans la communauté, les parents ne connaissent pas les signes caractéristiques. Ils utilisent donc des méthodes inadaptées ou donnent des conseils qui ne sont pas appropriés. Parfois à l’école, nous apprenons des initiatives en consacrant les après-midi à sensibiliser sur ce genre de sujets. Mais à la maison, les parents rencontrent encore des difficultés. »
Il fait remarquer : « Dernièrement, les directeurs des écoles ont pris l’initiative de convoquer les parents pour essayer de leur apprendre à reconnaître les signes et à les gérer correctement. »
De son côté, Révérien Nshimirimana, professeur d’université spécialisé en éducation inclusive, estime que les parents d’enfants sourds-muets devraient apprendre la langue des signes afin de pouvoir les sensibiliser efficacement aux maladies sexuellement transmissibles.
Au sein de l’ABUBEF, l’on affirme que ce module contribuera à doter les jeunes sourds-muets de connaissances essentielles sur la santé sexuelle et reproductive, tout en les aidant à mieux planifier leur avenir.