Le journal Iwacu a procédé, ce vendredi 3 octobre à l’hôtel Kiriri Garden, au lancement du livre intitulé « La lame à déchirer la nuit, mais pas l’espoir », une œuvre du Dr Jean-Bosco Ndihokubwayo. Selon l’auteur, les Burundais doivent oser dire la vérité sur le passé douloureux du Burundi, sans côté penchant, afin que la nouvelle génération connaisse cette histoire et que la réconciliation nationale devienne une réalité.

Selon Jean Bosco Ndihokubwayo, auteur de ce livre, le Burundi porte un passé douloureux qui remonte à plusieurs décennies.
« Depuis les années 1800, quand les Allemands sont arrivés ici au Burundi. Nous devions écrire cette histoire-là telle qu’elle est, sans émotions ni mensonges, nous devions l’écrire sans un penchant pour son ethnie. Il faut plutôt l’écrire de façon juste. Parce que si vous essayez de lire ce livre-là, vous découvrirez très difficilement que je suis Hutu ou Tutsi. C’est parce que je n’ai aucun penchant. »
Il fait savoir que les massacres de 1972 ont coûté la vie à des personnes issues aussi bien de l’ethnie tutsi que de l’ethnie hutu.
« Je dis qu’en 1972, beaucoup de gens tutsi sont morts, surtout la nuit du 29 au 30 avril. Mais que des centaines de Hutus ont été massacrés de façon gratuite, alors qu’ils étaient innocents. Voilà le message que je veux transmettre aux jeunes générations, mais aussi aux générations d’adultes. Il faut regarder le passé avec un œil intelligent, avec un œil qui n’a pas d’émotions, avec un œil juste. Il faut vraiment dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. »
Il ajoute : « Tant que nous ne connaîtrons pas notre passé, tant que nous n’allons pas nous réconcilier, et dire la vérité, avoir un consensus sur notre passé douloureux, nous n’allons pas nous en sortir. Donc je dis aux gens, s’il vous plaît, si vous écrivez, si vous parlez, dites les choses que vous avez vécues, n’inventez pas. Demandez aux gens qui ont vécu ces choses-là. »
« La vérité sur le passé, clé de la réconciliation », a dit Ndihokubwayo
D’après l’écrivain Ndihokubwayo, aucun développement durable n’est possible sans faire la lumière sur le passé douloureux. Il appelle à tourner la page, mais surtout à transmettre la vérité aux nouvelles générations.
« Si les jeunes générations lisent actuellement mon livre, ils vont s’apercevoir que finalement, des Tutsis ont été tués en 1972, contrairement à plusieurs croyances. »
Il rappelle : « D’ailleurs, vous avez vu les témoignages dans l’assistance lors de la présentation de ce livre. Les gens du Nord disent qu’il n’y a que des Hutus qui sont morts en 1972. Mais en lisant mon livre, on va se rendre compte qu’en 1972, les Hutus sont morts. Mais d’abord, les Tutsis sont morts massivement, surtout la nuit du 29 au 30 avril 1972. »
Il donne comme exemple : « Moi, je suis originaire d’une région qui a été frappée de plein fouet. Les Tutsis de Vyanda qui travaillaient dans la plaine de l’Imbo, une plaine qui était notre espoir économique, personne n’est revenu, ils sont tous morts là-bas. Mais après ça, la semaine qui a suivi, mon Dieu, ça a été les catacombes pour les Hutus. Des contrées entières ont été vidées de leur population. Toute la plaine était vide, les Hutus avaient fui, d’autres avaient été massacrés. »
Il exhorte les Burundais à s’unir et à solliciter l’appui de la communauté internationale afin d’écrire l’histoire douloureuse du Burundi.
« Moi je pense que le jour où nous nous mettrons d’accord sur l’histoire du Burundi, le jour où nous allons écrire cette histoire de façon juste, je pense qu’on se sera réconciliés. »
Selon lui, une telle initiative serait extraordinaire non seulement pour les générations actuelles et futures, mais aussi pour la génération Z.