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Éducation : le français en perte de vitesse

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Certains enseignants de la ville de Bujumbura déplorent la dégradation du niveau de la langue française dans l’enseignement. Ils attribuent cette situation, entre autres, à la réduction du nombre d’heures consacrées au cours de français ainsi qu’au surnombre des effectifs en classe. Ils recommandent une révision du programme éducatif.  Quant au ministère de l’Éducation, il est urgent de revaloriser la langue française au sein du système éducatif burundais.

Un des enseignants du cours de français témoigne qu’à présent, le niveau de la langue française a sensiblement baissé dans le système éducatif du Burundi : « Aujourd’hui, les élèves qui terminent l’école secondaire, même l’université, ne peuvent pas s’exprimer en français. »

 D’après lui, les raisons de la dégradation du français sont multiples : « A présent, nous accordons plus d’importance à l’écrit, l’oral est ignoré. Une autre chose, le temps accordé au cours du français a été diminué. Auparavant, nous avions 10 heures par semaine pour dispenser le français, mais à présent, nous en avons seulement 5 heures. »

 Il ajoute que le nouveau programme scolaire pourrait constituer une réponse efficace à cette problématique.

« Il faut qu’on retourne à l’ancien système comme à l’école primaire, enseigner le français par images. Développer d’abord l’oral. Puisque dans la situation de communication, l’oral est plus privilégié. Partout où on va, c’est l’oral qui est utilisé. Alors, je pense qu’il faut changer la façon dont nous dispensons le cours de français. » 

De son côté, une dame enseignante du français exprime qu’une autre cause de la baisse du niveau de la langue française dans le système éducatif burundais est le nombre élevé des élèves dans les écoles secondaires.

« A présent, on oriente les élèves forts dans les écoles d’excellence, dans les lycées publics et ces élèves faibles sont orientés dans les lycées municipaux et communaux. Une autre cause est le surnombre des élèves dans les salles de classe. Par exemple, on peut trouver une classe qui a plus de 100 élèves, ce qui devient difficile pour l’enseignant de maitriser leurs performances. »

Elle recommande d’augmenter les enseignants qui dispensent le cours de français : « Il faut augmenter les manuels scolaires destinés aux élèves et aux enseignants. Il faut également des formations à l’encontre des enseignants pour renforcer leurs compétences linguistiques en langue française. »

 D’après David Ninganza, un des membres du comité des parents dans la ville de Bujumbura, pour améliorer l’apprentissage du français dans les écoles, plusieurs mesures doivent être envisagées, dont le volume horaire consacré à l’enseignement de la langue française, tant au niveau de l’école fondamentale que post-fondamentale.

 « Il faut doter les enseignants et les élèves d’outils pédagogiques adéquats. En effet, comment un enfant pourrait-il apprendre à lire ou à réciter sans accès à des bibliothèques ou à des livres ? L’absence de ces ressources constitue un frein majeur à l’apprentissage. »

Il fait savoir que la mise en place d’activités parascolaires, telles que des clubs de langue française encadrés par les enseignants, serait bénéfique : « Il serait également souhaitable d’encourager, voire d’obliger, les élèves à s’exprimer uniquement en français lorsqu’ils sont à l’école. Cela faciliterait leur adaptation et leur maîtrise progressive de la langue. »

 François Havyarimana : « Le français mérite un accent particulier. »

François Havyarimana, ministre de l’Éducation, plaide pour une revalorisation de la langue française dans le système éducatif burundais. Il estime qu’une bonne maîtrise du français est indispensable pour améliorer la qualité de l’enseignement.

« Nous avons constaté que la langue française n’est pas suffisamment valorisée. Or, tant que nous enseignons en français, nous n’atteindrons pas nos objectifs dans le système éducatif. Il a été démontré que les heures consacrées à l’apprentissage de la langue française sont aujourd’hui très réduites. Ainsi, on se retrouve avec des enfants qui ne maîtrisent pas la langue française et on essaie pourtant de leur enseigner d’autres matières en français, ce qu’ils ne comprennent pas. »

 Il ajoute : « Il arrive alors qu’un enfant, ayant étudié de cette manière, devienne un enseignant, à son tour, sans vraiment maîtriser le français et on lui demande d’enseigner dans cette langue. Cela pose donc un véritable problème. Parmi les recommandations que nous avons formulées, nous avons dit qu’un accent particulier doit être mis sur la langue d’enseignement. C’est l’un des points essentiels parmi d’autres. »

 L’AND Intadohoka, du même avis que le ministre

Gaspard Kobako, le président du parti AND Intadohoka, rappelle que le français est une langue d’enseignement et que des mesures doivent être prises pour relever le niveau du français dans les écoles.

« Le Parti AND Intadohoka fait sienne les critiques formulées par le ministre de l’Education en rapport avec la diminution des heures de formation du français, qui est une langue officielle, mais aussi une langue d’enseignement. Telle enseigne quand le lauréat sort au bout de sa formation, sans pouvoir pratiquer son métier aisément, dans une langue qu’il maîtrise à peine. »

 Il cite le philosophe et pédagogue Christophe Maé, qui précise : « Pour enseigner plus longtemps qu’un doigt, il faut en savoir plus longtemps qu’un bras. »

 Il ajoute : « C’est le résultat d’une réforme annoncée tambour-bâton en 2005 à l’avant vite, sans qu’on en ait fait une préparation et mesuré ses conséquences. Ainsi, le système éducatif est en train de reculer depuis la mise en œuvre de cette réforme en 2016. Neuf ans après, redresser la barre demande plus d’efforts pour rattraper au niveau d’autrefois. Il faut dès à présent relever beaucoup d’autres défis. Vaut mieux tard que jamais, évidemment. Le parti l’encourage dans ce sens », dit-il.  

 Cela étant, la langue française reste utilisée comme langue d’enseignement au Burundi.

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