Dans son discours à la nation du 31 décembre 2021, le président Evariste Ndayishimiye a annoncé la prochaine libération des détenus. Selon lui, cette libération ne concerne pas les personnes détenus suite au meurtre ou aux crimes contre l’humanité. Cette mesure est bien accueillie, mais s’entoure d’interrogations.

« Désormais tous les détenus qui ne sont pas accusés de meurtre ou de crimes contre la personne humaine seront libérés pour continuer à se présenter devant les juges en étant libres », fait savoir le président burundais, Evariste Ndayishimiye dans son discours à la nation prononcé à la veille de l’an 2022. Et de poursuivre : « Dès nos jours nous suivons de près le comportement des prisonniers pour voir qui parmi eux méritent la mise en liberté ». Selon lui, s’il s’avère qu’un détenu se comporte bien, il est libéré.
« Nous avons pris la décision de faire exécuter les jugements rendus pour parier aux problèmes qui gangrènent la justice », a indiqué le numéro un burundais.
Un document signé serait indispensable

Selon Tatien Sibomana, juriste et en même temps politicien, cette mesure serait bien accueillie dans un pays où les prisons et les cachots accusent une population carcérale très nombreuse. Il affirme que l’excès de la population carcérale a pour conséquence les mauvaises conditions carcérales.
D’après lui, vu ce qui s’est passé à la prison centrale de Gitega, cette mesure vient à point nommé.
« Je pense qu’avec cette triste expérience de Gitega, il était grand temps si non tard que les autorités de ce pays puissent prendre des mesures allant dans le sens de désengorgements des prisons », souligne-t-il.
Monsieur Sibomana affirme qu’au-delà de leurs statuts de prisonnier, il y en a parmi eux ceux qui sont présumés innocents. Pour lui, ces derniers devraient bénéficier de tous les droits des citoyens libres.
Pourtant, le juriste Sibomana ne mâche pas les mots : « Si le président laisse le soin aux directeurs des prisons et aux procureurs d’exécuter cette mesure, chacun peut l’interpréter de sa façon ».
Pour lui, le chef de l’Etat peut signer un document qui montrer clairement les types de prisonniers concernés par cette mesure.
Plus de paroles, peu d’actions

Pour le parti Conseil National de Liberté (CNL), prendre une telle décision, ce serait respecter des droits de la personne humaine. Pourtant, ce parti affirme avoir des doutes quant à la mise en application de cette décision.
Selon Thérence Manirabona, porte-parole du CNL, plus de 60% des prisonniers sont détenus préventivement. Ce qui est, pour lui, une violation de la loi.
Selon monsieur Manirambona, il serait bon que le président de la république se penche sur ce qui est à la base des emprisonnements arbitraires. Il serait bon aussi qu’il se penche sur ce qui est à la base de l’instrumentalisation de la justice, insiste-t-il. Et cela afin de trouver des solutions durables.
« Nous avons à entendre de bon discours qui ne se traduisent pas en action », déplore-t-il.
Pour le parti CNL, chaque fois qu’une décision est prise, il faut qu’elle soit directement appliquée.
Il faut noter que cette décision intervient après que le 27 novembre 2021 un incendie a ravagé la prison centrale de Gitega. Ce dernier a aussi emporté des vies humaines.