Ce jeudi 30 octobre, six enfants originaires de la colline Gikungere, en province de Butanyerera, ont été interceptés à l’agence de transport Buragane, en province de Bujumbura, alors qu’ils se dirigeaient vers la Tanzanie. Les enfants affirment que le responsable qui les accompagnait a pris la fuite sans leur avoir donné à manger. Selon la SOJPAE, l’un des recruteurs présumés a été arrêté sur place. Elle appelle le président de la République à intervenir pour cesser le trafic d’enfants.

Ces six mineurs, âgés de 13 à 15 ans, désespérés, avec le froid et la faim visibles sur leurs visages, ont été interceptés par les agents de sécurité à l’agence de transport Buragane, le long de la route nationale n°3 reliant Bujumbura à Rumonge.
Ces enfants affirment être originaires de la colline Gikungere, commune Matongo dans la province de Butanyerera. Ils accusent Mpawenimana Gilbert, natif de la colline Gikungere, d’être à l’origine de ce réseau de trafic.
Un parmi eux raconte : « Nous étions ici avec Gilbert, en route pour la Tanzanie dans le cadre du travail. C’est lui-même qui devait nous accompagner, assurer notre transport et payer les billets. »
Un autre explique que M. Mpawenimana avait également pour rôle de négocier avec les policiers rencontrés en chemin au sujet des documents, notamment la carte d’identité.
« Je lui ai expliqué que je n’avais pas de carte d’identité pour me rendre à Bujumbura, et il m’a répondu que ce n’était pas un problème, qu’il s’en occuperait. J’ai donc accepté. »
Ces enfants regrettent que cet homme ne leur ait rien donné à manger, malgré les promesses faites avant le départ.
« Nous sommes arrivés ici à Buragane pendant la nuit. Gilbert nous a demandé d’attendre, le temps qu’on lui envoie de l’argent. Ensuite, il est parti au marché et il n’est jamais revenu. »
Ils demandent que ce type de trafic soit fermement combattu, estimant que ce sont toujours les enfants qui en sont victimes.
La SOJPAE lance un SOS au président Neva

David Ninganza, vice-président de la Solidarité de la jeunesse pour la paix et l’enfance (SOJPAE), affirme que les recrutements d’enfants à destination de la Tanzanie se font directement dans leurs domiciles, avec le consentement de leurs parents, sous la promesse d’un travail rémunéré.
« Ces enfants sont exploités dans les cultures, surtout les cultures de tabac. Ils sont âgés entre 13 et 15 ans, c’est dommage. Nous avons pu arrêter un des recrutés de ces enfants, même si l’autre a pu échapper. Nous avons fait ce travail louable en collaboration avec les agents de police. Aujourd’hui, on peut se demander si l’administration à la base joue pleinement son rôle. »
Selon lui, les responsables collinaires devraient mener au moins une enquête pour savoir la destination exacte de ces enfants : « Est-ce que l’administrateur communal joue pleinement son rôle ? »
La SOJPAE demande l’intervention du président Ndayishimiye : « Je plaide à haut niveau, que le Président de la République, comme il le fait dans d’autres domaines, prenne la responsabilité lui-même d’arrêter la traite des enfants burundais vers la Tanzanie, ça sera vraiment la justice. »
Du côté de cette organisation : « Nous comptons enregistrer ces enfants, les mettre à la disposition de la police et par après les mettre entre les mains de l’administration d’origine. Comme ça, l’administration va jouer pleinement son rôle. C’est pour les mettre devant un fait accompli pour rappeler à l’administration qu’elle a échoué à la mission de protéger ses enfants », ajoute-t-il.
D’après la SOJPAE, en 2024, 279 dossiers de personnes suspectées de trafic d’enfants ont été transmis au parquet, tandis que 703 enfants victimes de traite ont été identifiés.