L’ABUCO se dit préoccupée par l’absence de contrôle rigoureux de la qualité de certains produits vendus sur le marché local, ce qui peut être nuisible pour la santé de la population. Elle attribue ce phénomène à l’insuffisance de moyens matériels et financiers alloués au BBN. Quant à M. Ninteretse, expert en leadership, estime que la réalisation de la vision Burundi 2040-2060 reste compromise si l’Etat burundais ne tient pas compte de la qualité des produits et des services.

Noël Nkurunziza, secrétaire général de l’Association burundaise des consommateurs (ABUCO), estime que les inquiétudes exprimées récemment par le BBN concernant le manque de moyens pour assurer efficacement ses missions sont fondées et demeurent préoccupantes.
« Les informations du BBN sont venues justifiées une situation qui nous inquiétait. Nous sommes aujourd’hui encore une fois plus inquiétés d’entendre que ce bureau n’a pas les moyens de pouvoir fonctionner, ce qui est apparent même, parce que jadis il y a des activités qui ne demandaient pas beaucoup de moyens, en l’occurrence le contrôle des balances et le calibrage au niveau des pompes des stations de service qui ne se fait plus. »
Il fait savoir que le BBN est actuellement absent sur le terrain : « Cette situation nous inquiète le plus parce qu’aujourd’hui, le commerce est devenu très concurrentiel. Il y a des commerçants qui sont zélés, et il y a peut-être d’autres qui travaillent honnêtement. Parmi ces commerçants malhonnêtes, il y a des produits qui ne sont pas manufacturés, qui ont des défauts et qui risquent justement de causer du tort aux consommateurs. »
Il demande aux autorités compétentes de renforcer le BBN : « Parce que le BBN est un organe de sécurité publique comme tant d’autres. La santé, c’est la priorité de tous, et une fois que nous consommons ou que nous utilisons des produits qui n’ont pas de qualité requise, il y a des conséquences sur la santé. »
Il ajoute : « C’est pour cela que nous interpellons encore une fois le BBN pour qu’il utilise les moyens qu’il possède pour être présent sur le terrain afin de protéger les consommateurs, mais aussi aux autorités de faire des efforts pour renforcer ce bureau, parce que dans tous les pays du monde entier, ce sont des bureaux qui sont d’une importance capitale pour la protection des consommateurs », dit-il.
Diomède Ninteretse : « Sans contrôle, il n’y a pas de qualité. »

D’après Diomède Ninteretse, expert en leadership et management des organisations, le BBN devrait bénéficier d’un appui tant matériel que financier. Selon lui, « sans contrôle, il n’y a pas de qualité, et sans qualité, il n’y a pas de confiance », soulignant ainsi l’importance d’un soutien accru à cette institution afin de garantir la qualité des produits et services, et même arriver à un stade international.
« Je me dis que le BBN devait avoir des moyens suffisants, surtout dans un pays comme le Burundi, où effectivement, nous parlons que nous sommes en train d’entrer progressivement vers le pays émergent, le pays développé. On ne peut pas aller dans un cadre d’émergence ou de développement si on ne tient pas compte de la qualité des produits et des services qui existent dans le pays. »
Il explique que le BBN joue un rôle central dans la promotion d’une économie compétitive : « Pour moi, ni moins ni plus, le BBN, c’est lui qui veille à protéger d’abord les consommateurs, parce que si on n’est pas rassuré qu’il y a la qualité des biens et des services, c’est-à-dire que nous sommes dans une situation de désarroi total. »
Il donne comme exemple : « La fois passée, je me souviens qu’il y avait un problème au niveau des matériaux de construction. Les fers à béton n’avaient pas d’énormes standards. Imaginez-vous si on doit construire des infrastructures en utilisant des matériaux de construction qui ne sont pas de qualité. Après 10 ou 20 ans, les maisons peuvent s’écrouler alors qu’on y a investi assez d’argent. »
Ces réactions font suite à la déclaration du Bureau burundais de normalisation et control de la qualité (BBN), prononcée le 27 octobre lors d’une conférence de presse tenue à l’issue de sa journée portes ouvertes. L’institution y a reconnu que certaines de ses activités sont paralysées en raison du manque de moyens financiers et de matériel adéquat.